Enter#13 : Olivia Hernaïz ‘La Eterna Juventud’

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Olivia Hernaïz
 

Olivia Hernaïz traite dans l’exposition ‘La Eterna Juventud’ (La Jeunesse Eternelle) de l’influence qu’exercent sur l’individu le patrimoine culturel, l’identité nationale et la mémoire. Son intérêt pour ces thèmes a été éveillé en étudiant son histoire familiale, ce qui l’a amenée jusqu’en Russie. Elle a passé trois étés successifs dans une famille – sa famille - qu’elle n’avait jamais rencontrée auparavant. En 1937, 3500 autres enfants espagnols avaient été envoyés en bateau en Union Soviétique. Parmi ceux-ci, se trouvaient les deux frères cadets de sa grand-mère, Arturo et Pablo. Plus de 30.000 enfants étaient alors envoyés aux quatre coins de l’Europe afin de les mettre à l’abri de la guerre civile et du régime de Franco. La grand-mère d’Olivia Hernaïz fut également séparée du reste de sa famille, réfugiée en Belgique à l’âge de 13 ans.

Si l’exposition ‘La Eterna Juventud’ relève les stratégies du fascisme dans les années trente, elle nous met en même temps en garde contre la résurgence actuelle du nationalisme. L’appartenance affichée à une région, à sa culture au sens large sert souvent de sombres intérêts politiques. Le message des autorités est à l’image du climat politique ambiant. La présence des enfants espagnols fut ainsi instrumentalisée autant par Madrid que par le Kremlin. Franco présentait les enfants comme des prisonniers à sauver, Staline les érigeait comme l’incarnation de l’idéal communiste. Les cousins d’Olivia Hernaïz sont encore considérés espagnols, alors que leur famille est établie en Russie depuis trois générations. ‘La Eterna Juventud’ s’interroge sur l’impact pour un individu de tels jeux de pouvoir politiques. Comment peut-on ressentir le moindre lien avec un pays où on n’a jamais mis les pieds ? Et comment vit-on dans un pays où son arbre généalogique vient à peine de planter ses racines ?

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